mardi 25 mars 2014

Être servi au-delà de ses espérances

Les anglophones ont cette expression "be careful what you wish for". Depuis la semaine dernière, je comprends mieux cette expression car des fois dans la vie, on se fait servir "au delà de ses espérances".

Depuis que je suis retourné travailler au centre-ville, j'avais dîné une seule fois au restaurant en quatre mois. Pas vraiment le temps Un beau midi, en revenant d'une commission, je songeais au lunch qui m'attendait. Une bonne soupe Chunky. Mettons que ça me tentait moyen. Même si ça me rappelle cet âge d'or où moi et feu mon chat , en union de fait, partagions le même repas en jouant à Fallout 3.

En passant devant ce qui semblait être un restaurant de pizza à la pointe, je me suis dit "pourquoi pas". Revivons cette expérience typiquement urbaine. Après deux ans à ne pratiquement pas sortir de ma banlieue, ça me manquait. Reconnecter avec mon Moi universitaire qui ne mangeait que ça, des ramens et du riz Dainty.

Voilà comment j'ai été servi au-delà de mes espérances.

Entre dans le commerce. Désert. Rien de plus normal durant un rush du midi sur la rue Saint-Laurent... Sauf que l'ambiance désertique dépasse l'autre côté du comptoir. Pas grave. Ça me laisse le temps de regarder le menu. Ces superbes photos de combos jaunies. Comme dans le bon vieux temps. Dans la vie y'a des affaires qui ne changent pas, comme les pancartes de ce genre d'établissement. Allons-y avec le numéro trois.  Tant que ne pas venir souvent, on va y aller avec la totale. Une pointe + une poutine + le cola préféré de Claude Meunier.

Je regarde les pointes disponibles. Deux variétés seulement. Pepperoni et ce que crois a déjà été végétarienne. Ces morceaux ont passé plus de temps sous les lampes que Jean-Michel Dufaux. Les ingrédients, le fromage et la croûte ont fusionné pour former un tout. On aime ça de même.

Finalement, une jeune fille sort du très creux backstore. Y'a pas l'air à se passer grand chose là-bas. Pas de téléphone qui sonne, rien qui ne semble cuire... La caissière n'est pas en âge légal de travailler, ou elle prend très soin d'elle-même. "Numéro 3", lui dis-je, enthousiaste. "English", me répond-elle sans me retourner mon enthousiasme.  Je sais, plusieurs personnes auraient quitté les lieux sur le champs plutôt que de peser sur la switch. Mais ça ne me tentait pas de me pogner et j'ai peu de temps pour dîner. Je lui répond dans un anglais décent, mais elle en comprend pas plus. Sa mère sort du backstore. Elles ont une discussion dans une langue qui m'échappe sur ce qu'est le numéro 3.

Finalement, elle revient avec DEUX pointes réchauffées. La fille a définitivement de la misère avec les chiffres. J'essaie de lui expliquer le concept du no. 3 à l'aide de l'art du mime.  Maman arrive à la rescousse et remet une des deux pointes sous les lampes. C'est vrai qu'elle pouvait encore améliorer son tan. La mère me dit "4 minutes pour la poutine". Correct, ça va me laisser le temps de savourer ma crispy pointe en attendant. La fille sort, probablement pour fumer sa clope. Pas bon pour sa croissance mais bon. Elle revient finalement 5 minutes plus tard, avec un sac de frites McCain acheté au Provigo en face, sac à l'appui. Drôle de façon de s'approvisionner.

Après quinze minutes d'attente, j'ai finalement droit à ce qui est soit du génie culinaire ou un terrible accident.  Oubliez le frite-sauce-grains. Les patates, pas de sauce, ont été recouverte de fromage à pizza. Le tout gratiné au four. On peut qualifier cette création de lasagne aux pommes de terre. Pas super appétissant, mais quand t'as faim, t'es prêt à tenter n'importe quelle expérience.

Autre coup de théâtre, il n'y a plus une seule fourchette dans le restaurant. Maman cherche partout. Finalement elle en a trouvé... au restaurant d'à côté. J'ai quand même trouvé le courage de manger les deux tiers de la chose qu'on m'a servi dans une assiette d'aluminium. J'ai mis fin au projet quand je me suis souvenu que j'avais deux enfants, et que si je disparaissais inopinément, ils allaient probablement mal finir et se ramasser à La Voix  avec Éric Lapointe comme coach.

Avec toutes ces péripéties, personne ne m'a jamais demandé de payer mon festin à 6.99$. Dans un élan de compassion, j'ai rappelé à la caissière que je n'avais pas encore été collecté. Surprise ! Elle avait du change pour mon vingt !

Je voulais du rustique, difficile de faire mieux. Ce n'était pas mangeable, mais je suis sorti de là avec un sujet d'article. Est-ce cela se faire servir au-delà de ses espérances ?




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